mardi 16 novembre 2010

De la rétrocipation

Évidemment qu'elle est une anticipation à l'envers. De sorte que la rétrocipation a de forte chance d'intégrer des anachronismes qui formeront en fait des points de liaisons avec notre époque, des indices de filiation. Parce que la rétrocipation est notre époque hypertrophiée. Ce terme évident (c'était facile, je l'admets, de remplacer ante- par rétro-) m'a été inspiré par la régression temporelle dans Ubik, accompagnée du déplacement anachronique du produit Ubik.

J'avais d'ailleurs idée de décliner le concept sur un autre roman. J'ai été légèrement devancé par une série américaine (d'où l'intérêt de faire travailler un atelier... je voudrais tant). Le Parfum, Adèle Blanc-Sec de Tardi, Les Bienveillantes, etc., sont un peu des rétrocipations à leur manière, quelque part. Ces fictions projettent des conceptions modernes, contemporaines ou anachroniques dans le passé, en les adaptant à sa contrainte.

Pour qu'une rétrocipation soit complète, il faut surtout qu'elle mette en exergue notre époque. Ne pas être une paléontologie, mais une cénontologie. Nous montrer le chemin parcouru tout en pointant les défauts persistants est insuffisant. La rétrocipation est plutôt une cénontologie transposée dans le passé.

Ainsi, l'anticipation dystopique ou mélioriste dit à partir d'ici ce qu'il va se passer là-bas. La rétrocipation dit ici en le transposant là-bas, en arrière dans le temps.